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“Chez IELLO, on cherche avant tout des jeux qui procurent immédiatement un vrai plaisir de jouer”, l’interview de Matthieu Bonin

Par Christelle - mis à jour le 7 avril 2021

Matthieu Bonin est chargé de relation presse chez le géant IELLO, une maison d’édition et un distributeur que l’on n’a plus besoin de présenter dans le milieu ludique, tant il devient incontournable. On a la chance de le connaître un peu, vu que c’est un ancien lyonnais, devenu lorrain pour les besoins de son job, dont il nous parle avec plaisir, dans cette petite interview.

Bonjour Matthieu ! Peux-tu nous dire comment tu es tombé dans la marmite du jeu de société ?

Bonjour ! D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours beaucoup joué : ado, j’ai usé les plateaux de Richesses du Monde, Talisman, Heroquest et Space Crusade, avant de me tourner un peu plus vers le jeu de rôles (en particulier Stormbringer et Shadowrun) et le jeu vidéo (System Shock, XCom, Baldur, Fallout, et cie). Ce n’est que vers 18 ans que je me suis intéressé à nouveau aux jeux de société, en découvrant Elixir avec des amis. De là, ça m’a pris quelques années avant d’en faire une vraie passion, mais ça ne m’a jamais quitté…

Quel a été ton parcours professionnel ?

J’ai fait des études en communication à Lyon, et j’ai travaillé dans le milieu de la culture et de la formation professionnelle, puis à la mairie de Lyon. En parallèle, je me suis beaucoup investi dans la Triche, un café ludique associatif que j’ai présidé durant 3 ans, et j’ai travaillé 6 mois pour le regretté Ludopole lors de son lancement.

Peux tu nous présenter rapidement Iello et nous parler concrètement de ton rôle chez eux ?

IELLO est aujourd’hui dans le top 3 des distributeurs de jeux de société en France, mais aussi un éditeur prolifique à la renommée internationale. J’y suis chargé notamment de la communication numérique et des relations avec la presse spécialisée.

Ça ressemble à quoi, ton quotidien ?

Ça ressemble déjà à beaucoup (beaucoup) de messages de toutes sortes, par email ou sur les réseaux sociaux : sollicitations de la presse, questions de joueurs, échanges avec nos éditeurs partenaires et nos prestataires, etc.

Ensuite, j’avance sur les différentes actions de communication prévues pour nos sorties du moment ou à venir : textes de présentation, communiqués de presse, campagnes de publicité, teasing sur Internet, gestion de nos sites Internet, etc.

Enfin, je file régulièrement un coup de main à l’équipe d’édition, pour relire des règles ou… jouer à des prototypes ou futurs titres ! 🙂

Au final, je n’ai vraiment jamais le temps de m’ennuyer…

Tu as eu un parcours assez linéaire, président d’association ludique, puis chargé de communication dans une grosse ludothèque et enfin chargé de relation presse pour une maison d’édition ludique, est-ce si facile de passer d’un poste à l’autre ? Qu’est-ce que tu as le plus et le moins apprécié dans chacun de ces postes ?

C’est vrai que mon parcours est assez logique : mon poste actuel est vraiment à la croisée de mon profil professionnel et de ma passion pour le jeu, donc les choses se sont faites assez naturellement. La principale différence entre mes différentes expériences, c’est sans doute les moyens à ma disposition : même si IELLO n’est pas une grande multinationale, c’est tout de même plus facile de faire d’y créer des choses qu’en association, où il faut être encore plus débrouillard. Mais je dois reconnaître qu’il y a une passion partagée et une liberté d’action dans l’engagement associatif dont je suis parfois un peu nostalgique…

IELLO prend de plus en plus d’ampleur, elle distribue beaucoup de marques en plus de la sienne, comment cela s’est construit ?

En fait, IELLO a commencé en tant que distributeur, de cartes à collectionner et d’accessoires dans un premier temps, puis assez rapidement de jeux de société et de rôles. Aujourd’hui, en plus de nos propres jeux, nous distribuons une trentaine de marques de jeux, majoritairement des éditeurs francophones. En plus de gérer les aspects logistiques de la distribution (stockage, transport, conditionnement, etc.), notre relation quotidienne avec les boutiques spécialisées nous permet d’assurer la promotion et la vente des jeux de nos partenaires auprès des détaillants. Grâce à ce savoir-faire, ce sont généralement les éditeurs eux-mêmes qui nous sollicitent pour rejoindre notre catalogue, ce qui nous permet d’être très sélectifs sur les jeux que nous acceptons. Nous attendons des jeux de nos partenaires la même qualité graphique et ludique que celle que nous nous imposons nous-mêmes.

Quels sont vos critères pour retenir un jeu présenté par un auteur ? Quel travail faites-vous avec lui ?

Ça dépend pas mal des éditeurs, mais ce qui me semble primer aujourd’hui, c’est l’originalité. Il y a tellement de nouveautés qui sortent en boutiques tous les ans qu’ils faut vraiment qu’un jeu innove pour se démarquer. Après, ça dépend beaucoup de la ligne éditoriale et des compétences de chaque éditeur. Chez IELLO, on cherche avant tout des jeux pas trop longs, pas trop complexes, mais qui procurent immédiatement un vrai plaisir de jouer.

Une fois un jeu signé, il reste généralement plusieurs mois de travail avec l’auteur, pour affiner les règles, vérifier l’équilibrage du jeu, étudier différentes pistes d’améliorations, rédiger et tester le livret de règles en situation réelle, et bien entendu discuter des choix d’illustrations et de matériel… Même si l’éditeur a le dernier mot sur ces points, on préfère toujours avoir l’aval de l’auteur avant de prendre les décisions importantes, comme le thème global, par exemple.

Tu vas souvent chez Tric Trac, qu’est-ce que cela fait d’affronter leur équipe de choc ?

En effet, vu la fréquence de sortie de nos jeux, je dois être l’un des invités les plus fréquents de la Tric Trac TV ! 🙂 C’est toujours un plaisir d’aller à Orléans et de retrouver toute l’équipe, de se délecter des blagues de Mops, d’avoir des discussions endiablées avec Phal ou de revoir Guillaume (qui a été plusieurs fois animateur sur nos stands avant de travailler officiellement dans le milieu). Mais malgré la bonne humeur, il faut avouer que c’est surtout pour leur grand professionnalisme qu’on fait régulièrement le trajet depuis Nancy : c’est une tribune incroyable pour présenter nos jeux au plus grand nombre…

Cannes vient de passer, combien de temps de travail ce festival représente pour vous (en amont et pendant le festival) ?

Depuis l’arrivée de Kévin en juillet dernier, IELLO bénéficie d’une personne à temps plein pour l’organisation de tels événements. Nos deux plus gros rendez-vous sont Essen en octobre et Cannes en février. Généralement, on commence à travailler sur une édition dès notre retour de l’édition précédente, et ça monte en crescendo au fur et à mesure que la date se rapproche. Ça représente des mois de travail, entre la préparation du stand, le recrutement et la formation des animateurs, la fabrication des décors, l’organisation de la logistique, etc. Il faut ajouter à cela les journées spéciales que nous organisons régulièrement à travers la France.

Heureusement, tous les festivals ne requièrent pas autant de travail. Les organisateurs des autres grands rendez-vous où nous tenons à être présents (Ludinord, PEL, Alchimie du Jeu…) proposent généralement des offres tout compris pour que nos jeux soient présents sur leur événement.

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Qu’est-ce que tu penses de la vague de jeux qui viennent des plateformes de crowdfunding ? Est-ce que pour vous ça représente une menace ou une opportunité ?

Ni l’une ni l’autre pour le moment. Même si les projets en financement participatif ont explosé ces dernières années, il ne faut pas oublier que le taux de projets réussis est inférieur à 50 %, et que la quantité de joueurs actifs sur ces plateformes reste assez faible par rapport à ceux qui restent fidèles aux boutiques. En plus de ça, il est fréquent que les éditeurs qui parviennent à financer leur projet se tournent vers des distributeurs pour prolonger le succès du jeu dans le circuit traditionnel. C’est ainsi qu’on retrouve dans notre catalogue des jeux comme Huit Minutes pour un Empire, Star Realms ou encore World of Yo-Ho. Pour le moment, je pense que ça ne change pas trop les choses pour nous qu’un jeu soit financé par une plateforme participative ou par un concurrent. Par contre, pour les boutiques, c’est une autre histoire…

As-tu des scoops Iello à nous annoncer pour 2016 ?

On a encore beaucoup de projets super motivants cette année, notamment sur la collection Mini Games : après la nouvelle édition de Schotten Totten (prévue pour juin), on devrait voir arriver Welcome Back to the Dungeon, la suite du jeu le plus demandé de la gamme, et Time Bomb, la traduction d’un jeu japonais qui sera entièrement illustré par Biboun. Gardez l’œil sur ce dernier, parce que c’est vraiment une petite… bombe ! 😉

Merci Matthieu pour tes réponses !

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Christelle

Christelle

Co-fondatrice des Dragons Nains, j’aime tous les types de jeu, du moment que je passe un bon moment ! J'ai quand même un faible pour les jeux coop' ou semi coop' et les gros jeux de gestion (kubenbois pour les intimes).

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