À la découverte des jeux OPLA – des jeux 100 % made in France
Le mois dernier, nous avons eu la chance d’assister à une soirée découverte des Jeux OPLA, maison d’édition de jeux lyonnaise, chapeautée par Florent Toscano, dont on a déjà parlé ici car il est co-fondateur de la CAL (la Compagnie des z’Auteurs Lyonnais). La soirée était organisée par nos amis d’Ambiances & Jeux (une bien chouette asso lyonnaise qui a à cœur d’organiser de belles animations autour du jeu de société).
Déjà, l’ambiance était vraiment bon enfant : on sent la passion du jeu à travers toutes les conversations que l’on a pu avoir, ça fait du bien d’être baigné là-dedans, sans pour autant ressentir un univers ultra gamer, bref, c’était très familial et chaleureux… à l’image des Jeux OPLA finalement.
Alors, OPLA, c’est quoi ? Des jeux qui rappellent notre enfance (Hop la bille et Hop la puce par exemple), qui se rapprochent des problématiques environnementales, avec un gros parti-pris nature (Pollen ou Migrato) ou des party-games comme Lincoln ou Couadsous, on peut dire qu’OPLA est éclectique, mais sort quand même son épingle du jeu et se trouve une réelle identité et une vraie place parmi les jeux de qualité. Bref, une belle maison d’édition, dont on a eu envie de parler, parce qu’elle est portée par des passionnés et que les jeux sont à la hauteur de leur investissement.
Et finalement, qui mieux pour en parler que son fondateur ? Nous vous proposons une interview de Florent Toscano qui a eu la gentillesse de répondre à notre “tout-plein” de questions.
Bonjour Florent 🙂 peux-tu nous raconter un peu ton parcours et l’histoire des Jeux Opla ?
Salut !
Mon parcours est celui d’un scientifique qui menait une double vie occupée la très grande majeure partie du temps à travailler au labo (je suis docteur en Biologie et faisais de la recherche) et l’autre à titiller le milieu du jeu. Ce titillement existe depuis 2003 où avec quelques potes on a créé une association dans notre Corrèze natale, Chamboultou, avec un bar à jeux associatif et un festival au mois d’août. Je ne m’occupe plus du tout de ça depuis 3 ans, mais tout existe encore plus ou moins, et le festival a lieu cette année les 22-23 août, et je conseille à tout le monde d’aller y faire un tour ! Bref, comme ça je me suis fait un réseau de copains auteurs, éditeurs, illustrateurs… Et ai commencé à faire des petits jeux dans mon coin, et un qui tournait très très très bien, Pom Pom ! Alors on a décidé de se l’auto-éditer pour s’amuser. Un copain, Sphyrna, nous a fait de petits dessins et c’était parti, c’est comme ça que sont nés les Jeux Opla ! Assez longtemps après on a sorti Migrato, puis tous les autres !
Travailles-tu tout seul sur cette maison d’édition ?
Oui et non. Je la mène comme je l’entends, mais de la même manière qu’on ne joue pas tout seul, on n’édite pas des jeux tout seul ! Donc je suis le seul à plein temps, mais tout se passe tellement main dans la main avec tous les autres, auteurs, illustrateurs, distributeurs, que je ne peux que dire « on » !
Tu as une dominante assez environnementale dans tes jeux, c’est un aspect qui est important pour toi ?
Pour plusieurs raisons. Balade-toi dans une boutique de jeux, et quels sont les thèmes dominants ? Alors j’ai réellement envie que nos jeux développent des thèmes qui me sont chers. En plus, on travaille systématiquement énormément le contexte, ce qui fait (je pense évidemment plus à la gamme nature avec Pollen, Migrato, Il était une forêt, Pom Pom et le prochain La glace et le ciel) que tout ce qui est présent dans le jeu est « vrai ». Pour Migrato ce sont des ornithologues qui ont choisi tous les éléments du jeu pour que ça coïncide avec la réalité (distances de vols, vols groupés ou non, diurnes ou nocturnes…). Pareil pour Pollen, avec des naturalistes experts de l’écologie des abeilles sauvages. Et ça va bien-entendu encore plus loin pour Il était une forêt et La glace et le ciel.
Et on propose toujours en plus du jeu un livret avec plein d’infos sur le thème du jeu, et même une petite bibliographie !
Et les jeux plus party-game de la gamme Lincoln et des Couadsous ont aussi un important côté nature de par le traitement de leurs thèmes !
Et pour que le tout soit cohérent et pertinent, nos jeux sont 100 % made in France pour limiter l’impact carbone, et fabriqués le plus proprement possible !
Comment as-tu fais pour trouver tes partenaires pour créer les jeux ? Je pense particulièrement au jeu Lincoln qui est tiré de la BD du même nom, connaissais-tu l’illustrateur avant ou l’as-tu recherché ?
C’est vrai que j’ai des partenaires pour presque tous les jeux… Sur le prochain, La glace et le ciel, il y a au dos de la boite 7 logos de partenaires !
La démarche est toujours différente… Pour Lincoln, je suis un immense fan de la BD, et avais envie d’en faire un jeu… Les auteurs (Olivier Jouvray le scénariste, Jérôme Jouvray le dessinateur et Anne-Claire Jouvray la coloriste) sont lyonnais également, et je les avais déjà croisé deux-trois fois. J’ai fait un proto du jeu et le leur ai présenté sans vouloir l’éditer car à l’époque il ne rentrait pas dans mes gammes de jeux. Ils ont vachement aimé, et on s’est dit que ce serait chouette de l’éditer… Avec Olivier, on l’a donc scénarisé pour que le jeu sorte comme un spin-off de la série et qu’il s’intègre à ma gamme avec un côté green. C’est pourquoi dans le jeu Lincoln se met au vert !
Pour les autres jeux, j’ai contacté les gens de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) pour Migrato, Arthropologia pour Pollen, La Salamandre… Bref, tous ont été emballés par les projets et ainsi se sont faits les partenariats. Mention sans doute spéciale pour Wild-Touch et Luc Jacquet puisque j’ai la chance d’avoir réalisé le jeu Il était une forêt et le prochain La Glace et le Ciel. Il s’agira du jeu adapté de son prochain film, au cinéma le 21 octobre. Le film a fait la clôture du Festival de Cannes en mai ! C’est une histoire et un projet incroyablement intelligents et cohérents ! Bref, des choses hyper excitantes !
“Hop la bille” et “Hop la puce” sont des jeux qui nous font penser à des jeux d’antan, comment ont-ils été perçus par la communauté de joueurs lors de leur lancement ?
Il faudrait le leur demander ! Comment perçois-tu ces jeux ?
Je crois que quand Hop la bille est paru ça a été une surprise. Le proto tournait très bien mais beaucoup de gens me disaient « c’est très sympa mais inéditable et invendable »… bon, on l’a fait, et je l’aime beaucoup beaucoup ! On l’a même réédité déjà une fois !
Les retours sont très très chouettes, que ce soit pour le jeu en lui-même, le contexte, le matériel…
Ton dernier jeu “La Glace et le Ciel” est tiré d’un film qui va sortir en octobre 2015, peux-tu nous expliquer comment tout cela a été mis en place ? Comment fait-on un jeu à partir d’un film ?
Ça a été un très très gros travail ce jeu. Pour la mécanique, j’entends. Il s’agit d’un gros projet de cinéma, et plus généralement d’un métaprojet regroupant le film en question, un film télé en novembre, une énorme plate-forme internet avec plein d’infos, de carnets, de vidéos, sur le changement climatique, des expéditions en Arctique et Antarctique, un lab de création… Bref, un truc tentaculaire dans lequel je trouve ma place avec le jeu ! Le film était en tournage quand je bossais sur la mécanique du jeu, fin 2013. Le film retracera la vie du glaciologue Claude Lorius qui, le premier, a mis en évidence le réchauffement climatique en carottant les glaces de l’Antarctique et en révélant le contenu des bulles d’air qu’elles renferment, donnant une image de l’atmosphère du passé. Claude a écrit un livre, Voyage dans l’Anthropocène, il y a trois-quatre ans, et je me suis basé dessus complètement pour construire le jeu.
Pour tous mes jeux de cette gamme, je fais une longue biblio pour m’imprégner du sujet et digérer plein d’infos afin d‘en extraire la moelle et la retranscrire dans le jeu. Ça a été le cas pour Pom Pom, Migrato, Il était une forêt et ici.
Ensuite, pour la réalisation, l’illustrateur doit se conformer à la charte visuelle du film. Et le tout est de toutes façons soumis à la réalisation, la production, la distribution du film pour que l’ensemble soit cohérent et porteur du même message.
Le réseau ludique est une grande famille, quelles sont les interactions que tu as avec elle ? De quels réseaux ludiques fais-tu partie ?
Mmmh… Localement avec les copains lyonnais on a créé la Cal (Compagnie des z’Auteurs Lyonnais), et on retrouve toujours tous les potes auteurs, éditeurs, illustrateurs, distributeurs tous les week-ends sur tous les festivals et salons, donc je crois être de toutes ces familles !
As-tu créé d’autres jeux qui ne sont pas chez les éditions Jeux Opla ?
Alors comme je suis un chiant, c’est compliqué et frustrant. Chiant parce que je veux que tous les jeux des Jeux Opla soient fabriqués proprement et 100 % en France. Mais je veux aussi que ce soit le cas de mes jeux en général… Or on n’est pas nombreux à fabriquer de la sorte…
Donc il n’y a que Myrtille que j’ai créé et que je n’ai pas édité (c’est La Salamandre l’éditeur). Nous l’avons néanmoins intégralement réalisé pour eux (ça n’a échappé à personne que la boite est de la même taille qu’un Hop la puce !).
Est-ce qu’Opla te permet d’en vivre aujourd’hui ? As-tu un autre boulot en parallèle ?
Le changement c’est maintenant ! Ça devrait être l’année de l’équilibre. Je ne fais que ça, à plein temps. Et il me faudrait plus de temps ! Ou de bras… Bref, non, pas de boulot, j’ai arrêté de jouer les scientifiques il y a trois ans.
Tu as un scoop ou une nouvelle à venir chez Opla ou ailleurs ?
Mais ouais, carrément ! Pom Pom, mon premier jeu, sera de retour en 2016 ! Le jeu sera le même mais il sera intégralement redessiné pour mieux correspondre à cette gamme. J’ai très très hâte !
Et le troisième volet, après Hop la bille et Hop la puce, devrait aussi voir le jour en 2016 !
Et un jeu co-réalisé avec les copains Alexandre Droit et Nicolas Bourgoin, qui s’appelle pour le moment Bok, qu’on devrait sortir bientôt…
Un autre projet qui n’en est qu’à ses prémices mais qui est bien excitant aussi, dont je te reparlerai bientôt…
Puis j’espère avoir un scoop qui te plaira beaucoup dans quelques temps, je suis en train de mettre en forme quelque chose auquel je tiens, mais, chut, en attente !
Merci beaucoup pour tes réponses 🙂
Merci beaucoup pour tes questions !
Et pour en savoir plus sur les jeux Opla, c’est par là : https://www.jeux-opla.fr/ 🙂
Commentaires
Le 25 août 2015 à 12 h 48 min, Samuel ANAVOISARD a dit :
C'est lors d'une rencontre avec Alexandre Droit (pour tester le jeux Pollen d'ailleurs) que j'ai entendu parler pour la première fois d'Opla.
Je trouve que c'est vraiment un excellent projet ! Aussi bien l'idée de produire des jeux sur l'environnement qui protègent l'environnement, que pour l'idée de revisité les jeux qui ont marqués une autre époque !
C'est super ! On ne peut que vous souhaitez une grande réussite !! Et je n'en doute pas !
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