Donuts, le jeu où il faut avoir les yeux en face des trous
Donuts, c’est l’un des petits derniers de Bruno Cathala, un de mes auteurs chouchou. C’est aussi l’un des jeux que je trouve les plus difficiles à expliquer, donc je ne pense pas qu’un article fera honneur à sa profondeur, malgré un matériel minimaliste au possible. 4 plateaux, 30 anneaux et voilà un des jeux de placement les plus casse-tête auquel il m’ait été donné de jouer. Pour l’apprécier à sa juste valeur, je ne peux que vous inviter à regarder une vidéo qui détaille son mécanisme.
Un jeu d’apparence simple, mais en réalité, bien brain f*ck
Pour gagner, il faudra réussir à former une ligne de 5 donuts de sa couleur, peu importe la direction (horizontale, verticale, ou diagonale). Jusque là, c’est plutôt simple, ça rappelle même le bien connu Puissance 4, ou son compère le morpion…
À la fin du jeu, si personne ne forme une ligne de cinq, c’est la plus grande constellation d’anneaux connectés qui l’emporte.
Pour y arriver, chaque joueur place à tour de rôle un de ses donuts (vous êtes plutôt chocolat blanc, ou chocolat au lait ?), avec des contraintes de placement. Le plateau est composé de cases bicolores, divisées par une ligne de séparation qui va dans une direction spécifique. Un joueur ne peut donc placer un donut que dans le sens de la ligne de la dernière case recouverte par l’autre joueur (sauf s’il n’y a plus de place, auquel cas il pourra poser son donut n’importe où).
Bon… jusque là, ça va encore. Attendez de voir la suite.
“Le jeu du retournement de situation”
La particularité de Donuts, c’est qu’il ne s’agit pas uniquement de placer une ligne de 5 avant son adversaire. Un donut peut à tout moment changer de couleur, devenant la propriété adverse. Comment ? En créant des insertions. En effet, chaque donut posé entre deux donuts adverses transforme ces derniers en donuts alliés (de sa couleur, donc… vous suivez ?). Et c’est là que le casse-tête arrive : combinés aux contraintes de placements, il est fort possible que vous vous retrouviez à planifier vos coups plusieurs tours à l’avance, avec plus ou moins de succès, vous l’imaginez…
Pour rajouter un peu de profondeur, il est possible de faire des réactions en chaîne : lorsqu’un donut est retourné, il est probable qu’il crée une nouvelle insertion, et ainsi de suite, jusqu’à retourner une grande partie du plateau de sa couleur.
Attention, insertion ≠ encadrement
Le plus gros piège de compréhension du jeu, à mon sens, c’est de réussir à différencier l’insertion de l’encadrement. Si vous êtes un·e habitué·e du jeu Othello où l’on retourne les pions que l’on encadre, ça risque d’être très difficile pour vous de changer de mécanique. Ici, c’est bien l’insertion qui est récompensée, c’est-à-dire réussir à se placer entre deux pions adverses.
Quelques mots sur le game design
Je vous invite chaudement à aller voir l’article “Genèse” qu’a rédigé l’auteur lui-même sur son blog, qui est passionnant. Il raconte comment l’on passe d’un jeu de placement abstrait à une thématique pâtissière, entre autres.
Le plateau est assez malin, puisqu’il est divisé en quatre et permet une multitudes de combinaisons, afin de ne jamais rejouer la même partie.
Notre avis
Donuts est l’un des jeux de placement les plus aboutis auxquels j’ai pu jouer. Évidemment, il demande de “rentrer dedans” et il n’est pas possible d’en mesurer toute la profondeur lors des premières parties (où l’on parvient parfois à gagner sans réellement l’avoir anticipé !). C’est donc à mon sens un jeu plutôt expert, dans le sens où il faut y avoir joué plusieurs fois pour avoir l’impression de le maîtriser. Mais si vous trouvez un·e adversaire qui accroche autant que vous au jeu, vous êtes parti·e·s pour des heures et des heures de plaisir ludique. Il peut se sortir facilement dans le train, dans l’avion, pour tuer le temps, et je vous garantis que vous ne verrez pas le temps passer !
💕 On adore
– Le travail de l’auteur : c’est clairement l’un des meilleurs jeux de Bruno Cathala (il dit lui-même que c’est son jeu le plus abouti jusqu’ici)
– Un matériel minimaliste, mais un jeu qui se révèle d’une grande profondeur
– Des parties rapides mais qui prennent bien la tête (on a notre dose de casse-tête)
🤔 On déplore
– Le manque de contraste du plateau : en fin de soirée ça devient difficile de… garder les yeux en face des trous !
– C’est vraiment personnel, mais je n’accroche pas particulièrement au choix de la thématique. Le côté Donuts + couleur Malabar bigoût donne un côté superficiel qui peut rebuter les joueurs du genre. J’aurais préféré un jeu réellement abstrait (à la Qawale).
Donuts en vidéo
Donuts en quelques minutes
Acheter Donuts
En achetant un jeu depuis un lien de cette page, nous toucherons une petite commission qui fait vivre le site (et pour ça, on vous <3 !).