Koryŏ, cartes sur table, gare à la riposte
Doté d’un matériel simple, Koryŏ est un ingénieux jeu de cartes, tactique, agressif et rapide. À posséder pour démarrer les hostilités lors d’une soirée jeux.
Des cartes
La beauté du jeu de société (du moins à mes yeux) est de parvenir à créer de nouvelles expériences de jeux autour d’un matériel simple et connu.
Gary Kim, l’auteur de Koryŏ, a construit celui-ci sur un paquet de cartes utilisé dans d’autres jeux. Il s’agit concrètement d’un jeu de cartes de valeur de 1 à 9 en autant d’exemplaires que sa valeur : 9 cartes de valeur 9, 8 de valeur 8 et ainsi de suite. Chaque valeur est associée à un personnage et à son pouvoir. On trouve également des cartes d’attaque de valeur -1 qui viennent polluer le jeu de ceux qui les jouent.
À chaque tour, on pioche un certain nombre de cartes et on choisit celles d’une même valeur pour les poser devant soi. La partie dure exactement 8 tours et pas un de plus. Chaque tour impose le nombre de cartes piochées mais aussi le maximum de cartes posées, obligeant à se défausser des cartes en surnombre. Un casse-tête d’optimisation.
Des pouvoirs
Si en cours de partie, un joueur est majoritaire dans une des valeurs, il dispose immédiatement du pouvoir associé du personnage : le marchand (valeur 6) gagne une pièce or (valant un point de victoire) à chaque tour, le broadcaster (valeur 8) vous permet de piocher une carte de plus que vos adversaires. Les pouvoirs sont très variés et touchent à chaque aspect du jeu. Il faut rester vigilant car les majorités se font et se défont sans trêve.
En fin de partie les majorités servent aussi au décompte : un joueur majoritaire dans une valeur gagne autant de points de victoire que cette valeur. Celui qui possède le plus grand nombre de 9 gagne 9 points alors que celui qui possède le seul exemplaire du 1 en gagne… un seul. Bien entendu, plus une carte est de faible valeur plus son pouvoir est fort. Ce qui entraîne des dilemmes classiques du type “dois-je consolider mes positions ou maximiser mes points de victoire ?”.
Si les options sont réduites à chaque tour et dépendantes du hasard, le jeu se révèle vite très tactique. L’affrontement est direct, les majorités se font et se défont et les derniers tours sont prédominants. La part de bluff et de tentative de deviner le jeu de l’adversaire est bien présente. Les options se réduisent en cours de partie, ce qui permet aux plus stratèges de tirer leur épingle du jeu. La preuve : je ne gagne jamais.
Le jeu se joue très bien à deux, trois ou quatre. Mais plus les joueurs sont nombreux plus le jeu est difficile à contrôler. Je le conseille personnellement à 3 joueurs pour en goûter toute la saveur.
Un décor
Je n’ai pas encore parlé du thème mais celui-ci est secondaire et sert plus d’habillage que de réel élément de jeu. Koryŏ est censé se dérouler dans un “univers uchronique politico-steampunk enraciné dans les terres historiques de la Grande Corée du 10e siècle” dixit l’éditeur (“Koryŏ” était le nom de l’ancienne Corée de cette époque) mais difficile de s’y immerger. En revanche, les illustrations adoptent un style particulier mais très réussi, dans le ton de l’affrontement et du sabotage.
Les illustrations ont d’ailleurs la part belle car aucun texte n’est présent sur les cartes. Le reproche qu’on peut leur faire est de ne pas expliciter davantage leurs pouvoirs, les pictogrammes étant peu parlants. Pour vos premières parties, pensez donc à imprimer l’aide de jeu publiée par un fan (Alexis Anne dit “ultralord”) chez Gus&Co.
Un ambassadeur
L’école asiatique a su trouver sa place dans le monde ludique en quelques années. Elle s’est fait connaître par son goût du minimalisme (matériel et mécaniques volontairement épurées) même si le répertoire qui atteint nos contrées est désormais bien plus vaste. Quand Koryŏ est sorti en 2013, il faisait officie de parfait fer de lance du mouvement et son éditeur Moonster Games Asia ne s’y est pas trompé car le jeu connaît un beau succès critique.
Notre avis
Rapide à jouer mais toujours sur le fil, Koryŏ est un jeu de cartes qui vaut le détour.
On adore
- la rapidité des parties
- un jeu ouvertement bagarreur
- les retournements de situation
- un parti-pris graphique original
On déplore
- des cartes peu explicites
- un thème plaqué
- un certain manque de contrôle à 4
En complément
Si vous souhaitez l’essayer immédiatement, le jeu est jouable en ligne sur la plate-forme Board Game Arena.
Pour ceux qui ont retourné le jeu dans tous les sens, l’auteur et l’éditeur ont depuis publié le jeu “frère” Choson basé sur les mêmes mécaniques et un matériel similaire mais des pouvoirs différents. À réserver aux joueurs aguerris car le résultat est (encore) plus guerrier et un peu moins accessible.
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